Vous dites : « C’est épuisant de s'occuper des enfants.» Vous avez raison. Vous ajoutez : « Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. » Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser.

Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit (prologue), AFJK.

La Nouvelle-Zélande va-t-elle remettre en cause l’abolition des punitions corporelles ?

La Nouvelle-Zélande s'est dotée en 2007 d'une loi d'interdiction des châtiments corporels, devenant ainsi le premier pays anglophone parmi les pays abolitionnistes. Certains craignaient une augmentation de la maltraitance suite à cette loi. Nous avions publié sur notre site un article montrant que ce n'était pas le cas.

Depuis, les opposants à cette loi, parmi lesquels de nombreuses associations familiales, ont réussi à rassembler plus de 285 000 signatures, obligeant le gouvernement à organiser un référendum populaire sur le sujet. Celui-ci s'est tenu entre le 31 juillet et le 21 août dernier avec un résultat affligeant de 87,6 % de votants en faveur d'une annulation de cette loi d'interdiction.

En naviguant sur les sites Internet (en anglais), respectivement de la campagne pour le OUI et de la campagne pour le NON, on découvre que la formulation même de la question posée était ambiguë et sujette à controverse : Should a smack as part of good parental correction be a criminal offence in New Zealand? (En français : « La gifle et la fessée, considérées comme de bons moyens de correction parentale, doivent-elles être un délit en Nouvelle-Zélande ? »)

Les opposants à la loi qui ont réussi à organiser ce référendum espèrent, par ce résultat massivement favorable, envoyer un message clair au gouvernement. Nous voulons mettre en avant, comme l'on fait les partisans du OUI, le fait que leur campagne semble avoir été basée sur l'idée qu'un « bon parent » ne devait pas pouvoir être considéré comme « criminel » ou « délinquant », plutôt que de centrer le débat sur le fait que frapper un enfant dans le but de le corriger n'est pas un bon moyen d'éducation.

Chose étrange, mais de laquelle nous nous réjouissons, un sondage publié quelques jours seulement avant le début du référendum sur TVNZ montrait plusieurs évolutions positives. En effet, seuls 9 % des mères et 8 % des pères d'enfant de moins de 4 ans interrogés indiquent aujourd'hui frapper au moins une fois par semaine leur enfant. Deux tiers des parents disent frapper leur enfant occasionnellement, et ce malgré la loi d'interdiction. Enfin, 39 % des mères et 35 % des pères disent ne jamais frapper leur enfant.

Tous ces chiffres, comparés à ceux de quatre enquêtes menées entre 1963 et 1997 par Jane et James Ritchie, psychologues à l'université de Waikato, montrent une évolution positive remarquable. En effet, dans toutes leurs enquêtes, moins de 10 % des parents indiquaient ne jamais frapper leur enfant et environ la moitié affirmaient frapper leur enfant au moins une fois par semaine. Encore une fois, on ne peut que se réjouir de l'évolution positive qui a suivi le vote de cette loi d'interdiction des punitions corporelles !

Le premier ministre néo-zélandais, John Key, a annoncé début septembre la mise en place d'une commission officielle de révision de la loi. Cette commission devra rendre son rapport au 1er décembre. Nous espérons, tout comme les partisans du OUI, que la commission et le gouvernement, sauront montrer le bien-fondé de cette loi et donner une issue à ce débat qui soit favorable aux enfants !

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