Vous dites : « C’est épuisant de s'occuper des enfants.» Vous avez raison. Vous ajoutez : « Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. » Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser.

Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit (prologue), AFJK.

Les effets de la fessée sont évidents

Susan Lawrence, lettre à TheOttawaCitizen, 23 juin 2008

L’auteure de cette lettre ["Who knows best?", 23 juin 2008] pose une question essentielle : « Les enfants qui ne reçoivent pas de fessées deviennent-ils de meilleurs citoyens que les autres ? » La réponse est un « Oui » retentissant !

La recherche scientifique montre régulièrement que le fait de frapper les enfants [spanking, désigne essentiellement la fessée, mais aussi les châtiments corporels en général] tend à accroître les comportement antisociaux. Selon la méta-analyse de 88 études réalisée par l’université de Columbia, la fessée fait augmenter les taux d’agression et de délinquance, fragilise les relations parents-enfants, accroît les problèmes de santé mentale, et augmente le risque d’être victime de relations abusives à l’âge adulte. Une étude menée en 1990 par le ministère de la Santé de l’Ontario sur 5 000 adultes a montré de hauts niveaux d’anxiété, de dépression grave et d’abus d’alcool chez les adultes qui avaient reçu des coups dans leur enfance par rapport à ceux qui n’avait pas été frappés. En Californie, une autre étude a montré que moins un enfant était frappé, plus il avait de chances d’obtenir un diplôme universitaire et de ne pas devenir délinquant. Une toute récente étude de l’université du New Hampshire à Durham montre que la fessée augmente le risque de problèmes sexuels par la suite (relations sexuelles imposées au partenaire, pratiques sexuelles à risque, pratiques masochistes). Une étude de l’université du Manitoba a montré que depuis l’interdiction des châtiments corporels en 1979, la Suède avait vu chuter ses taux de délinquance juvénile et de suicide. Plusieurs études ont également démontré qu’une proportion importante des cas de maltraitance commencent par les châtiments corporels « ordinaires ».
Qui ne voudrait pas vivre dans une société avec moins d’agressions, moins d’abus de drogues, moins de maltraitance, moins d’abus et de problèmes sexuels ? Il faut se rendre à l’évidence et cesser de mythifier la fessée. Accepter l’interdiction du châtiment corporel des enfants, c’est se préparer à vivre dans une société meilleure(1).

Source : The effects of spanking are obvious

Traduit de l'anglais par Catherine Barret.

Note 1 (de la traductrice) : Voir aussi, sur le lien entre interdiction des châtiments corporels et diminution de la maltraitance, l'article de Joan E. Durrant : l'interdiction des châtiments corporels n'accroît pas la maltraitance

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