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Tués dans un but « éducatif »

Par Jean-Pierre Thielland, membre de l'OVEO.

L’article 222 de la loi Egalité et Citoyenneté, rejeté par le Conseil Constitutionnel, avait pour modeste intention d’inciter les parents à exclure de l'éducation des enfants « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles ». Pour une question de forme, cet article a finalement été rejeté.

A peine quelques semaines après cet échec, un adolescent de 15 ans et un enfant de 5 ans viennent de perdre la vie, victimes de « punitions » infligées par leur beau-père.

Le journal Le Parisien relate que le beau-père de l’adolescent aurait expliqué qu’il avait voulu lui infliger une « correction » parce que celui-ci « n’allait plus à l’école ». Il n’aurait pas mesuré la violence des coups, qui avaient pour lui une « visée éducative ».

La Voix du Nord rapporte que l’enfant de 5 ans aurait, lui, subi une punition infligée par son beau-père parce qu’il avait fait pipi au lit. Il aurait été retrouvé avec le nez cassé, ainsi qu’un traumatisme au niveau de la tête.

Tout est dit : l’exacte et triste réalité d’une toute-puissance parentale qui ne rencontre aucun interdit dans un pays qui légitime le « droit de correction » et ferme les yeux sur la violence dite éducative.

La France, « pays des droits de l’homme », continue d’accepter qu’il existe en son sein une catégorie de « sous-citoyens » écartés du droit au respect et à l’intégrité de leur personne.

En France, la violence intrafamiliale à l’encontre des enfants est massive, et les trois quarts des maltraitances ont lieu dans un contexte de punitions corporelles. Oumar et Yanis n’ont pas eu la chance d’être protégés de la violence de leur beau-père, ils en sont morts. Ils font partie de ces « oubliés » dont parle la pédiatre Anne Tursz et pourront être comptabilisés parmi les centaines d'enfants ou d'adolescents qui meurent chaque année en France sous les coups de leurs proches.

Combien de morts faudra-t-il avant que nos responsables politiques, ainsi que tous ceux qui prétendent aux responsabilités dans notre pays, prennent l’initiative de légiférer sans ambiguïté contre cet insupportable « droit de correction » et toute forme de violence éducative, y compris dans la famille ?