Vous dites : « C’est épuisant de s'occuper des enfants.» Vous avez raison. Vous ajoutez : « Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. » Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser.

Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit (prologue), AFJK.

Ce que le livre de Martin Miller m’a fait gagner

Témoignage reçu à la suite de la publication de nos commentaires sur le livre de Martin Miller.

Voici ce que le livre de Martin Miller m’a fait « gagner » :

Oui, j’ai tout d’abord eu peur qu’il ne règle ses comptes avec sa mère et de m’interroger sur le « droit » de raconter l’histoire d’Alice au « grand Public ». Un grand « OUI » est très vite arrivé : je lui ai reconnu ce droit de s’interroger, d’interroger (même en parallèle de son métier de thérapeute) et de questionner sur sa mère fut-elle Alice Miller. Je ne me serais d’ailleurs pas posé la question s’il s’était agi de toute autre personne « connue ».

Je me suis alors rendu compte que ma peur était en fait un désir de protéger et de défendre Alice Miller comme j’avais pu le faire dans le passé avec ma mère et que cela me ramenait à mon histoire d’enfant.

J’ai trouvé Martin Miller très courageux d’avoir osé à son tour lui, son fils !!

La lecture de ce livre a fait affleurer encore plus de mémoire émotionnelle et ressentis de mes parties d’enfance avec une compréhension nouvelle et plus affûtée.

Oui, c’est un livre qui m’a bousculée, remuée et m’a au bout du compte amené étonnamment de réconfort et de gratitude pas tant dans mon histoire d’enfant (comme les écrits d’Alice et ma rencontre avec elle) mais avec mon histoire de mère et une immense reconnaissance pour moi-même s’est faite d’avoir ouvert les yeux, écouté et entendu ma « petite », en être devenue la « mère » et stopper ainsi la répétition de la maltraitance.

Oui, c’est un livre qui dérange surtout pour nous, peut être « les enfants » d’Alice, je n’aurais probablement pas pu lire le livre il y a quelques années, l’entendre car j’avais à ce moment là le besoin d’« une bonne mère », ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Les livres d’Alice m’ont aidé et accompagné dans tout un cheminement, celui de Martin M me permet de regarder Alice avec toute son humanité et ses possibles « défaillances » et que loin de m’éloigner d’elle, je la « vois » comme un relais important et vital de ma vie… mais un relais et je peux continuer mon chemin.

Alors merci Martin d’avoir osé… je n’ai pas trouvé de lien pour vous écrire et vous remercier.

Eliane, fille, femme, mère et grand-mère


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