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C’est en cultivant le silence qu’on perpétue les comportements violents

J'aimerai vous faire part de mon témoignage en ce qui concerne la violence éducative. Le voilà:

Je suis née en 1984. Mon père était très violent verbalement avec toute la famille. Ma mère était, dans son enfance, battue physiquement. Elle ne nous a jamais rien dit sur son enfance. Et cela, je le sais aujourd'hui, est très problématique, car c' est en cultivant le silence, qui est en fait de la peur, qu'on perpétue des comportements violents.

Je grandis au sein d' une famille qui se violentait et cela était chez nous banalisé. Je me souviens encore moi-même d' avoir ri du malheur des autres.

Je n' ai pas subi de violences physiques. Tout était psychologique. En réalité, je me rappelle de la froideur de mon père. Et j' en ai énormément souffert. Il n' y avait pas de place pour l' émotionnel, il fallait, se taire, encaisser, et surtout continuer. Et peut importe comme on encaissait, ça, il ne voulait pas en entendre parler. Et surtout, ce n'était pour lui pas normal, d'avoir des besoins d'amour et de tendresse. Et si le manque, se manifestait par quelque chose, nous avions un problème dans la tête. Il fallait de la discipline, de la droiture. C' était la Gestapo. J' étais imprégnée de ça.

Je me souviens , que mes parents s'envoyaient des insultes, le soir, quand on étaient couchés. Ils se hurlaient dessus. Ils cassaient des objets, je me rappelle de ce vacarme assourdissant. Et je me souviens qu' au fond de mon lit, j' étais terrifiée de ce conflit , qui se produisait toujours très violemment et qui semblait durer des heures.

J' ai eu un parcours chaotique. A l' adolescence mes parents se séparèrent, et mes parents firent preuve d' indifférence à mon égard. J'étais livrée à moi-même.

Dans mes expériences de vie, je ne me suis jamais sortie de cet engrenage de violence, auquel j'avais assisté. Je reproduisais le schéma qu'on m’avait montré, surtout avec mon petit copain. On se rabaissait, on s'insultait. Et dans ma tête, c'était normal.

Je suis tombée malade. Bipolarité.

Les causes de cette maladie en milieu hospitalier sont vaguement expliquées.

Je vais bien, mais parce que je suis sous traitement. En effet je croyais jusqu' il y a peu que je pourrai arrêter le traitement. C' est difficile à admettre pour moi que je suis malade. En fait, c' est une marque que j' ai. Une cicatrice.
Je préfère prendre un traitement à vie, plutôt que cela ne s' aggrave.

Je m'étais interdit d'avoir des enfants.

Aujourd'hui je peux dire fièrement que je me sens enfin capable d' avoir un enfant et je sais que je pourrai l'entourer d' amour au quotidien.

je suis convainque que l'environnement familial dans lequel j' ai baigné toute mon enfance a joué un rôle déterminant sur ma bipolarité.

Je me sens bien dans ma peau dorénavant, et j' ai une vie de couple réjouissante. Et surtout nous partageons les même valeurs éducatives, qui sont surtout l' amour, et aussi de ne pas "chambrer" les enfants sur ce qu' ils pourraient dire.

O. Bertrand