C’est seulement quand se produit un changement dans l’enfance que les sociétés commencent à progresser dans des directions nouvelles imprévisibles et plus appropriées.

Lloyd de Mause, président de l'association internationale de Psychohistoire.

Exemple de violence institutionnelle

Par Olivier Maurel, cofondateur et membre de l'OVEO

Le Parisien du 21 juin 2024 signale que le Groupement Epi-Phare, qui rassemble l’Agence du Médicament (ANSM) et l’Assurance maladie, vient de publier une étude ahurissante mais qui en dit long à la fois sur notre système scolaire et sur notre système médical.

Cette étude montre que « parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55 % de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate (la Ritaline) et 64 % de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie, que ceux nés en janvier de la même année ». « Ce risque augmente régulièrement avec la différence d’âge : au sein d’un même niveau de scolarité, comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7 % de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9 %, ceux de juillet 29 %, ceux d’octobre 46 %. »

L’explication de cet étrange phénomène, qui est donnée comme une hypothèse mais qui me semble une certitude, est simple : « Les plus jeunes enfants d’une classe (ceux qui sont nés en fin d’année) [sont] confrontés à des exigences trop élevées pour leur âge. » Au cours des premières années d’école, un décalage de maturité de quelques mois peut mettre les enfants en difficulté alors qu’ils se développaient normalement.

Et le pire, si les enseignants et les médecins n’en sont pas conscients, si l’on continue à « affirmer qu’un enfant de CP est censé savoir lire à Noël », c’est que ces enfants vont être considérés dès le début de leur scolarité comme « en difficulté », voire « hyperactifs » si ces difficultés les amènent à s’agiter en classe parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’on les oblige à apprendre, ou être soumis à un traitement à la Ritaline dont on sait les effets nocifs 1, ou à des séances d’orthophonie inutiles. De quoi les faire se considérer et les faire considérer par leurs parents et leurs enseignants comme incapables et handicapés.

C’est une forme de maltraitance qui tient à la rigidité de notre système scolaire. Espérons que les enseignants, les médecins, les orthophonistes et les psychologues scolaires vont en tirer les enseignements nécessaires.


  1. En effet, s’il faut reconnaître l’utilité du méthylphénidate qui peut constituer une véritable aide pour certaines personnes pour lesquelles un diagnostic de TDA ou TDA-H a été correctement établi et d’autres solutions préalablement testées, la molécule est généralement inutile voire très dommageable dans de nombreux cas (insomnie, irritabilité, tics, anxiété et dépression, diminution de l’appétit, nausées, augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle, etc. et potentiellement dépendance psychologique).[]