Pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal, agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper un enfant ?

L’autorité sans fessée ?

Pour accompagner sa proposition de loi sur l’interdiction des châtiments corporels dans la famille, Edwige Antier, députée UMP et pédiatre, propose aux parents inquiets son dernier livre, L’Autorité sans fessée (éd. Robert Laffont).

Nous nous réjouissons de la façon dont Mme Antier explique la nocivité et l’inutilité des châtiments corporels dans la relation parent/enfant, ce qui donne sa légitimité à une loi visant à les interdire. Nous trouvons également intéressant qu’elle propose des liens d’articles du site d’Alice Miller ("Chaque fessée est une humiliation", "Obstacles auxquels doit se préparer le valeureux combattant anti-fessée", "Dangers spécifiques des châtiments corporels", "Les racines de la violence", "Des origines de la violence éducative à l'espoir de sa fin") pour les parents qui seraient curieux ou tentés d’approfondir leur réflexion.

Cependant, nous restons très réservés, voire sceptiques, quant aux méthodes suggérées pour remplacer les châtiments corporels, le but restant de conserver l’autorité – ce que dit finalement le titre du livre.

Par exemple, les « réparations » utilisées comme alternative aux punitions sont à nos yeux du même ordre et constituent bien un outil pour garder l’autorité et entretenir avec l’enfant une relation de pouvoir/soumission qui ne respecte pas ses besoins.

Nos réactions à la lecture de ce livre sont donc partagées et nous attendons de savoir de quelle façon E. Antier entend traiter la question des punitions et des violences psychologiques. Nous nous demandons également si elle a l'intention de mener une campagne d'information médiatisée sur les violences éducatives, et si un accompagnement personnalisé des parents en difficulté est envisagé dans le texte de loi qu'elle propose.

Nous espérons que son intervention lors du colloque “Amour et châtiments” sur la violence éducative ordinaire, auquel elle doit participer les 22 et 23 octobre 2010, lui donnera l'occasion de préciser sa position.


, , , ,