Quand on a rencontré la violence pendant l'enfance, c'est comme une langue maternelle qu'on nous a apprise.

Marie-France Hirigoyen.

L’OVEO publie les premiers résultats de son étude menée sur la prise de conscience de la violence éducative ordinaire

Afin d’améliorer la connaissance de la violence éducative ordinaire (VEO) et de mieux comprendre le processus qui amène à en prendre conscience, l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) a mené en 2017 une enquête auprès d’un public sensibilisé à la question. En 5 mois, plus de 2 000 personnes ont accepté de répondre à un questionnaire explorant divers aspects, en particulier : les éléments-clés ayant permis la prise de conscience, la perception de la violence, l’impact sur le comportement parental, la violence subie en tant qu’enfant, les causes menant les parents à se montrer violents, les moyens de soutien et de sensibilisation jugés pertinents…

Cette étude permet à l’Observatoire de mettre en lumière des données qui n’ont jusqu’à présent jamais été étudiées en France.

Pour la majorité des répondants, c’est la réflexion autour de leur propre parentalité qui les a conduits à changer de regard, avant ou au moment de devenir parent. Pour certains parents, ce sont les difficultés rencontrées qui les ont amenés à changer leurs schémas éducatifs (regret d’avoir infligé des violences et souhait de ne pas les reproduire, constat de l’inefficacité des punitions, difficulté à gérer ses propres émotions). Les informations relatives au développement de l’enfant et aux conséquences de la VEO conduisent à une perception de la violence plus aiguisée, et à des représentations du rapport adulte/enfant différentes.

Ces premiers résultats révèlent un impact fort de la prise de conscience sur la perception du degré de violence des actes « éducatifs » traditionnellement admis. Par exemple, le fait de laisser pleurer un bébé seul était perçu comme une violence « grave » pour à peine 10 % des répondants avant la prise de conscience ; ils sont presque 70 % à penser le contraire après. Le fait de nier ou de minimiser les émotions est également un élément qui comptabilise un très grand écart, passant de 10 % à presque 60 %. En parallèle, il est constaté un changement des comportements parentaux. Ainsi, de nombreux actes auxquels le parent pouvait recourir fréquemment deviennent exceptionnels (chantage, confiscation, mise à l’écart) ou sont parfois même totalement supprimés. À la question « Si vous avez des enfants, avez-vous pratiqué de la VEO envers eux avant d’en avoir pris conscience ? Et depuis ? » , la part de réponses « non, jamais » est passée de 50 % à 71 % pour le fait de forcer un enfant à manger, et de 47 % à 69 % pour les fessées.

C’est la fatigue qui est nommée à 90 % comme le facteur poussant les personnes interrogées à recourir à des pratiques violentes, suivie par les difficultés extérieures générant du stress et par le manque de temps pour soi. Sont aussi mis en avant « sa propre éducation », les « difficultés à comprendre le comportement de l’enfant », le « manque de soutien du conjoint ou de la conjointe ».

L’OVEO s’est intéressé aux éléments que les répondants estiment adaptés pour apporter de l’aide aux parents. Ils ont aussi pu indiquer les moyens d’information et de sensibilisation qui leur paraissaient les plus pertinents pour généraliser la prise de conscience. Ainsi, une meilleure formation des professionnels serait un de ces moyens, jugé « très adapté » à 91 %.

L’OVEO espère pouvoir collaborer avec des chercheurs pour analyser plus en profondeur les résultats obtenus afin de pouvoir rendre compte des résultats dans une perspective pluridisciplinaire.

En conclusion, les chiffres obtenus sont éloquents pour démontrer combien la perception de la violence est culturelle et peut évoluer.


Télécharger la synthèse des premiers résultats (.pdf)
Télécharger le communiqué de presse (.pdf)
Télécharger l'ensemble des visuels (dossier zippé contenant les 5 visuels HD)

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