Pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal, agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper un enfant ?

S’extraire de la répétition de la violence éducative

Témoignage reçu en réponse au questionnaire du site


Avez-vous subi vous-même de la violence éducative au cours de votre enfance ? Sous quelle forme ?

Dans mon enfance j’ai subi de la violence éducative : des cris, des menaces, quelques fessées sans doute dont je ne me rappelle plus mais j’ai assisté à celles de mes frères (gifle ou fessée) et j’en étais très affectée. Des brimades aussi, l’utilisation de la peur pour nous faire obéir..

A partir de et jusqu'à quel âge ?

A partir de toujours j’ai envie de dire… Laisser pleurer le petit bébé pour qu’il se fasse les poumons, ne pas répondre aux "caprices", beaucoup ignorer aussi quand le comportement n’était pas celui attendu… De la moquerie aussi quand je pleurais ou boudais… L’obligation de manger aussi bien sûr… Jusqu’à ce que j’arrête d’aller chez mon père (11-12 ans), jusqu’à ce que je parte de la maison (19 ans)

Par qui ? (père, mère, grands-parents, autre personne de la famille ou de l'entourage, enseignant...)

Par mes parents de manière continue, mon père était plus virulent (mais pas de coup à mon souvenir)… A l’école aussi j’ai le souvenir de moquerie, de punitions d’autres enfants qu’on obligeait à se déshabiller et danser tout nus sur une table… Les institutrices aussi qui humiliaient les enfants, se moquaient de leurs copies, leur jetaient les cahiers à la tête… Ou les craies…

Cette ou ces personnes avaient-elles elles-mêmes subi de la violence éducative dans leur enfance ? De quel type, pour autant que vous le sachiez ?

Mes parents ont été élevés dans cette même violence éducative, beaucoup de cris, menaces, intimidation et dressage à être parfait…

Vous souvenez-vous de vos sentiments et de vos réactions d'alors (colère, tristesse, résignation, indifférence, sentiment d'injustice ou au contraire de l'avoir ”bien mérité“...) ?

Je me souviens surtout de ma peur, mais aussi de ma grande tristesse quand un de mes frères ou un élève se faisait punir ou humilier. Je priais dans ma tête pour que ça n’arrive pas ! Je me souviens aussi de ma colère quand on se moquait de moi alors que j’étais triste… Aucune issue possible sinon celle d’être parfaite et sans émotions. J’ai construit un faux-self d’adaptation.

Avez-vous subi cette(ces) épreuve(s) dans l'isolement ou avez-vous eu le soutien de quelqu'un ?

Je ne parlais pas, je vivais ça seule… Je n’en parlais même pas avec mes frères… Personne

Quelles étaient les conséquences de cette violence lorsque vous étiez enfant ?

Cette violence m’a dressée à être parfaite. J’ai tout fait pour l’être, 1ère de la classe, réussite en tout, je ne parlais quasiment jamais pour ne pas dire quelque chose de travers. J’ai été anorexique à mon adolescence aussi… Je m’en suis sortie en quittant la maison familiale.

Quelles en sont les conséquences maintenant que vous êtes adulte ? En particulier vis-à-vis des enfants, et notamment si vous êtes quotidiennement au contact d'enfants (les vôtres, ou professionnellement) - merci de préciser le contexte ?

Aujourd’hui j’ai eu la chance d’avoir l’enfant que j’ai, qui présente des troubles autistiques et qui est « impliable » ! La violence éducative sur lui en viendrait à « le tuer » tellement il ne peut pas s’y soumettre ! Grâce à lui, j’ai découvert différentes approches d’éducation respectueuse qui m’ont extraite de la répétition. Je travaille également avec des enfants (cours de danse) et je développe des méthodes bienveillantes aussi dans ce milieu… Les conséquences sur moi ont été l’immense peur du jugement et la non-acceptation de moi…

PS : ayant lu l'article qui dit que les personnes ayant vécu des violences durant leur enfance ont plus de risques d'avoir des enfants autistes, comme j'ai subi dans ma première année une très grande forme de violence puisque j'ai été hospitalisée plusieurs semaines à plusieurs reprises pour luxation de la hanche et que j'ai été de ce fait isolée, à subir des violences sur mon corps de bébé sans mots mis par mes parents voire avec un rejet prononcé par ma mère ensuite... Cela me semble corroborer...

Globalement, que pensez-vous de votre éducation ?

Globalement je pense que mon éducation, qui n’a pas pourtant versé dans la grande violence physique, m’a obligée à me reconstruire entièrement à l’âge adulte. Je pense que ce n’était pas la bonne solution. Je n’en veux pas à mes parents qui n’étaient pas outillés pour faire autrement et pour remettre en question ce qu’ils avaient eux-mêmes reçu…

Viviez-vous, enfant, dans une société où la violence éducative est courante ?

Je vivais dans une société occidentale plutôt aisée, intellectuelle. La violence physique était assez peu présente mais la violence psychologique était très présente et les abus sexuels aussi.

Qu'est-ce qu'évoque pour vous l'expression « violence éducative ordinaire » ? Quels types de violence en font partie ? Et quelle différence faites-vous, le cas échéant, entre maltraitance et « violence éducative ordinaire » ?

Violence éducative ordinaire évoque pour moi tous les moyens qui n’ont pas une intention de faire le bien pour l’enfant. Pour moi « c’est pour ton bien » n’est pas quelque chose qu’on ressent au fond de son cœur quand on rabaisse, dénigre, punit, tape un enfant. C’est juste un conditionnement, ça connecte la peur et la colère en soi.

Avez-vous des objections aux idées développées par l'OVEO ? Lesquelles ?

Aucune objection, je soutiens toute votre approche

Comment nous avez-vous connus : site ? livre d'Olivier Maurel ? salon ? conférence ? autres ?

Je l’ai connu par un partage FB d’un de mes frères au sujet du livre d’Olivier Maurel puis par un échange avec lui.

Ce site a-t-il modifié ou renforcé votre point de vue sur la violence éducative à l'égard des enfants ?

Je n’ai pas encore parcouru tout le site… Il me semble que ça renforce ma pensée sur la violence éducative.

Si vous acceptez de répondre, merci de préciser sexe, âge et milieu social.

Je suis une femme de 42 ans, milieu social aisé

Pauline

 

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