Nous remercions tout spécialement l'autrice de ce témoignage très détaillé, écrit après lecture du livre d'Olivier Maurel La Fessée avec l'aide du questionnaire du site. En raison de la longueur du témoignage, son annexe est publiée sur une page séparée.
Avez-vous subi vous-même la violence éducative ordinaire au cours de votre enfance ? Sous quelle forme ?
Je n’en étais pas forcément consciente, et puis au fil des années avec notamment l’interdiction de donner la fessée, je me suis intéressée à la question, et je me suis aperçue que j’avais certains comportements, voire des traumatismes liés à mon éducation.
Fiche d'orientation pour le passage en seconde : l'avis et la signature de l'élève (en général 15 ans) ne sont pas sollicités.
Seulement, ce sujet ne peut absolument pas être traité indépendamment du reste du statut juridique et social des jeunes personnes en France. Fait très méconnu : le statut des « mineurs » français est l’un des plus restrictifs existant dans les pays développés ; il n’est, de surcroît, quasiment jamais interrogé, pas même par les organisations de jeunesse, et encore moins réformé. Les décennies passent et la France est véritablement bloquée au siècle dernier, et ce n’est pas une exagération si on se penche sérieusement sur le sujet.
Depuis plusieurs mois, la question de l’enfance émerge au cœur de l’actualité.
Parents, professionnel·les de l’enfance, militant·es, chercheur·euses… et bien sûr, les jeunes personnes elles-mêmes : de plus en plus de personnes s’engagent, individuellement et localement, pour défendre les droits et le bien-être des jeunes, et dénoncer les injustices dont ils et elles sont victimes. Mais aujourd’hui, ce combat essentiel reste trop souvent dispersé. Chacun·e agit de son côté, sur des thématiques spécifiques — violence éducative, harcèlement, inceste… — sans toujours pouvoir créer des ponts.
Face à l’ampleur du défi, il est temps de se rencontrer, de faire réseau, et de construire une vision commune.
C’est pour cette raison qu'avec le Collectif Enfantiste nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour le FIESTA — Festival enfantiste et antiadultiste : un événement joyeux, militant et nécessaire, pour partager nos savoirs, croiser nos expériences, et penser ensemble un avenir plus respectueux des jeunes.
Rendez-vous le dimanche 4 mai 2025, de 12h à 20h, à la Cité Fertile (Pantin)
Au programme : animations, ateliers militants, ciné-débat, conférence gesticulée, spectacle, tables-rondes, groupes de discussion, concert enfantiste… Un festival festif, politique et inclusif.
Le FIESTA s’adresse à toutes les personnes qui veulent construire une société réellement accueillante pour les enfants et les jeunes. Venez nous rejoindre pour penser et agir ensemble pour une société plus respectueuse des jeunes personnes et un avenir enfantiste !
Ce livre1 est en fait un recueil disparate d'articles de l'auteur, de chapitres d'autres de ses livres, de passages de sa thèse et de textes déclarés « inédits ».
Alors qu’on annonce un ouvrage sur « les transgression adolescentes », il y sera souvent question d'adultes plus ou moins renvoyés à leur enfance et/ou adolescence, mais aussi de gestion et de « management » des établissements spécialisés (p. 28 à 40).
Tout cela ne serait pas trop gênant si l'ouvrage n'était pas parsemé d'idéologie adultiste, misopède et autoritaire ni de fatras psychanalytique du XXe siècle, totalement dépassé et relégué depuis longtemps à l'état de pseudoscience par la communauté scientifique et médicale. Page 2, l'auteur sent d’ailleurs passer le vent du boulet puisqu’il parle du « contexte actuel de scientisme et d'organicisme qui renoue avec la vieille tradition médicale préfreudienne ».
Jeudi 27 février, il est 7h30 quand j’entends sur France Inter qu’« après l’établissement de Bétharram, la cellule investigation de Radio France révèle des accusations de violences dans un autre établissement privé catholique, Notre-Dame-de-Garaison, dans les Hautes-Pyrénées ».
J’étais collégienne dans les années 1990. De la génération de plusieurs victimes témoignant en ce moment des violences subies dans ces établissements. Et j’accueille les commentaires consternés sur cette vague de « révélations » avec un certain scepticisme…
Les jeunes scolarisé·es à Notre-Dame-de-Bétharram ont tous et toutes été maltraité·es. Il y a bien sûr ceux qui ont été humiliés, frappés, violés, agressés sexuellement… Mais la confrontation quotidienne à un climat de violence et de domination perverse d’adultes hors-la-loi constitue en soi une maltraitance, avec les conséquences psycho-traumatiques que l’on sait.
De jour en jour, de nouvelles déclarations, de nouveaux témoignages nous disent que des alertes ont été données et que les agresseurs ont bénéficié de complaisances, voire de soutiens lorsque des enquêtes ou des plaintes ont tenté de dénoncer ces violences. Ce déni permanent de la violence à l’encontre des enfants et des adolescents nous conduit à poser un certain nombre de questions1.
Ce livre est le reflet de cette journée : des échanges de savoirs engagés, expérientiels et scientifiques. Il associe et réunit la voix de militant·es, de jeunes personnes et de chercheurs et chercheuses pour comprendre en profondeur les racines de la violence éducative ordinaire et de la domination adulte.
L'ouvrage imprimé (160 pages) est disponible au prix de 15 € auprès des éditions Le Hêtre Myriadis et de l'OVEO.
Afin de rendre son contenu accessible au plus grand nombre, nous avons également décidé de permettre sa lecture complète en ligne !
En octobre 2024, Le Nouvel Obs publie son numéro “Profs toxiques : enquête sur un tabou de l’Éducation nationale”. Nous saluons toute dénonciation des violences et violations de la dignité et des droits des jeunes personnes. Et, de notre point de vue, la critique du “tabou des profs toxiques” reste superficielle et aveugle à la dimension systémique de la violence scolaire et de la domination adulte.
Les 3 et 4 octobre 2024 a eu lieu à Limoges le colloque Misopédie. La domination adulte dans les discours contemporains artistiques, scientifiques, politiques et médicaux, organisé par Cécile Kovacshazy, maîtresse de conférences habilitée à l'université de Limoges et membre de l'OVEO. Plusieurs membres de l'OVEO étaient présents et/ou sont intervenus. Les actes du colloque seront publiés à l'automne 2025. En attendant, on peut réécouter la plupart des interventions sur le site du colloque et lire la présentation.