Pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal, agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper un enfant ?

Le colloque Misopédie 2 : pour une prise de conscience de la misopédie dans la société et dans les sciences humaines

par Catherine Barret, membre de l’OVEO

La 2ème édition du Colloque universitaire international transdisciplinaire sur la misopédie et la domination adulte dans les discours contemporains, portant plus spécialement sur l’aspect institutionnel de la misopédie, s’est tenue à Limoges les 9 et 10 octobre 2025. Environ 80 personnes étaient présentes dans la salle et plus de 200 en visioconférence, dont les questions ont également été posées à la suite de chacune des interventions, toutes particulièrement intéressantes. On peut penser qu’à la suite de ce colloque le concept de misopédie est véritablement entré dans le champ d’étude des sciences sociales et humaines, et espérer que cela contribuera à une prise de conscience dans les pratiques professionnelles et dans la société en général.

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Pas d’enfantisme sans Gaza : croiser les perspectives sur l’enfance

Depuis quelques mois « c’est parti », nous entendons de temps en temps le mot « adultisme » ou l’expression « domination adulte » dans une interview ou une conversation, nous les lisons dans un article ou un livre. L’oppression sur les plus jeunes sort de son invisibilité, la recherche des causes des violences sexuelles, et le travail de la CIIVISE y est pour une bonne part, aussi la médiatisation des violences physiques, psychologiques et sexuelles subies dans des pensionnats catholiques comme Bétharram.

S’y ajoutent depuis deux ans la massivité des morts d’enfants à Gaza, sous nos yeux, et la question du deux poids deux mesures : pourquoi le massacre des enfants de Palestine nous touche-t-il différemment, certain.es beaucoup et d’autres moins ou pas du tout ? Comme si les corps des enfants échoués sur la côte nord-ouest de la Méditerranée depuis des années, arrivés noyés jusqu’à nous, nous interpellaient sur notre véritable éthique. Et même celles et ceux qui arrivent en vie, au cœur de Paris, les MNA, les « mineur.es » non accompagné.es, les entendons-nous ??

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Publication d’un nouveau guide officiel à destination des parents

Dans la continuité de la refonte du carnet de santé en janvier 2025, l’État publie un guide à destination des parents de jeunes enfants.

Nous notons que des informations relatives à la prévention des violences physiques et psychologiques sont mentionnées, et notamment la loi du 10 juillet 2019 dans le carnet de santé.

Des références de sites sont données dans le guide ainsi que des numéros d’appel à destination des parents. Or, certains éléments nous interpellent particulièrement :

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Comment réagir lorsque nous sommes témoins d’une situation de violence éducative ordinaire dans l’espace public ?

Cet article fait suite à l’atelier animé par Macha ROBINE à l’occasion du Festival enfantiste et anti-adultiste du 4 mai 2025. À travers le théâtre-forum, nous avons pu explorer des situations rencontrées par les participant·es.

Nous proposons également de publier à la suite de cet article les témoignages et pistes que vous souhaiteriez partager. Pour cela, nous vous remercions de nous adresser votre contribution par courriel à l’adresse [email protected].

Jef Aérosol. Morceau d'une fresque réalisée dans le cadre de la deuxième édition du festival « Wall Street Art », 2018.
Jef Aérosol. Morceau d'une fresque réalisée dans le cadre de la deuxième édition du festival « Wall Street Art », Evry 2018. Cette œuvre est dédiée aux enfants en général, à ceux d’Evry en particulier.

C’est une question qui revient souvent pour les militant·es et personnes conscientes de ces violences banalisées et quotidiennes. Selon les circonstances, selon nos possibilités, les réactions peuvent être différentes. Cet article ne vise pas à apporter des réponses types, mais plutôt des pistes, afin de susciter une réflexion à froid pour mieux permettre à chacun·e de s’approprier ce qui lui semblerait le plus adapté pour réagir à chaud.

Ces situations peuvent générer des sentiments et émotions différentes : stress, peur, colère… qui peuvent nous bloquer dans la démarche d’intervenir : peur de la réaction de l’adulte (va-t-il/elle s’en prendre à nous, à l’enfant ?), peur d’intervenir de façon trop agressive ou encore sidération (la situation peut faire écho à nos propres traumas). Il arrive également que nous nous formulions des raisons pour ne pas intervenir (quelle légitimité, comment serait perçue notre intervention, notamment face à une personne d’une autre culture…).

L’« effet témoin » entre parfois en jeu : face à une situation nécessitant de l’aide, la probabilité d’une intervention est d’autant plus faible que les témoins sont nombreux1. Mais surtout, les paroles humiliantes et comportements violents envers les enfants obtiennent toujours une forte acceptation sociale en France. Il est en effet encore largement considéré qu’il s’agit d’affaires privées, relevant de l’éducation parentale.

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Quand prendre en compte les droits et besoins fondamentaux des plus jeunes engendre une panique morale

S'il est indiqué que le collectif des signataires est composé de plus de « 800 experts », beaucoup n'en sont pas en réalité.

La rentrée 2025 a été l’occasion de nouvelles prises de position médiatisées en faveur du maintien d’une culture de la punition et de la domination adulte.

La tribune publiée en opposition au référentiel national de la qualité d’accueil du jeune enfant (voir notre article dédié) a donné lieu à quelques articles et interviews dans l’ensemble peu nuancés.

En effet, les médias ont davantage mis en avant les arguments mentionnés dans la tribune, en donnant souvent peu de place aux éléments précisés dans le référentiel, voire en dénonçant des points présentés de façon caricaturale. 

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Un nouveau référentiel pour les professionnel·les de la petite enfance

Le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a récemment publié le Référentiel national de la qualité d’accueil du jeune enfant.

Il est le fruit d’un travail collaboratif de plusieurs mois avec des professionnel·les du secteur de la petite enfance, à la suite des dysfonctionnements constatés au sein des structures d’accueil des jeunes enfants (enquête IGAScommission d’enquête parlementaire, livres-enquêtes Le Prix du berceau, de Daphné Gastaldi et Mathieu Perisse, et Babyzness, de Bérangère Lepetit et Elsa Marnette).

Ce référentiel s’adresse aux établissements d’accueil du jeune enfant, aux assistant·es maternel·les (à leur domicile, au sein des crèches familiales), aux auxiliaires parentaux intervenant au domicile des parents, aux autorités de contrôle et d’accompagnement (PMI, CAF, inspection du travail…).

Il concerne aussi les élu·es et l’ensemble des acteur·ices de la petite enfance : relais petite enfance, lieux d’accueil enfants-parents, classes passerelles et toutes petites sections de maternelle pour les 2-3 ans, protection de l’enfance pour l’accueil et l’accompagnement des enfants de zéro à trois ans.

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Je ne guérirai pas de cette enfance…

Est-ce que je vais arriver à témoigner ?

J’ai 67 ans, ma mère en a 97. Mon père est décédé il y a quelques années. J’ai sept frères et sœurs, je suis la quatrième.

Je voudrais commencer par remercier ma mère d’avoir vécu si longtemps. Pas pour le bonheur qu’elle m’a apporté mais pour la réalité que sa longue vie m’a permis de mettre au jour. J’ai mis du temps à réaliser, beaucoup beaucoup de temps. Ce sont mes enfants qui m’y ont aidée. Mon fils aîné, diagnostiqué adulte d’un TDAH sévère, de multi-dys, et d’un stress post-traumatique, ma fille presque “parfaite” mais poursuivie par la charge qui a pesé sur elle de devoir réparer une famille pleine de trous. Et puis il y a eu un événement déclencheur, la révélation de mon plus jeune frère abusant sexuellement de sa belle-fille de 12 ans. Autant dire que ma relation à la famille, déjà passablement difficile, est devenue catastrophique.

Ma mère vit encore, et c’est pourquoi témoigner est si difficile.

Puis-je me permettre de poser sur elle le diagnostic de TSA (trouble du spectre autistique) ? J’hésite car je n’ai partagé cette hypothèse avec personne d’autre que mes enfants. J’hésite car j’aurais tellement, tellement, tellement voulu être une bonne fille, aimante et indulgente. Les quelques personnes de mon entourage qui m’ont fait part de leur amour pour l’un ou l’autre de leurs parents, voire les deux, ont toujours éveillé en moi un vertige : c’était donc possible d’aimer sa maman ?! Mais quelle chance !! Quelle chance, pour ces personnes, de vivre avec cette certitude, cette confiance, cette chaleur en elles ! Et j’avais beau m’efforcer, chercher, scruter mon enfance, j’avais beau tester des pensées, gestes ou paroles aimantes, je me sentais infiniment vide de cet amour, comme en deuil d’une totale inconnue.

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« Veux-tu une fessée déculottée devant tout le monde ? »

Nous remercions tout spécialement l'autrice de ce témoignage très détaillé, écrit après lecture du livre d'Olivier Maurel La Fessée avec l'aide du questionnaire du site. En raison de la longueur du témoignage, son annexe est publiée sur une page séparée.


Avez-vous subi vous-même la violence éducative ordinaire  au cours de votre enfance ? Sous quelle forme ?

Je n’en étais pas forcément consciente, et puis au fil des années avec notamment l’interdiction de donner la fessée, je me suis intéressée à la question, et je me suis aperçue que j’avais certains comportements, voire des traumatismes liés à mon éducation.

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Une fessée qui dure toute la vie…

Ce texte a été rédigé comme une annexe au témoignage intitulé "Veux-tu une fessée déculottée devant tout le monde ?". Son contenu étant susceptible de perturber le lecteur ou la lectrice, nous recommandons de lire d'abord le témoignage en lien. Sur ce sujet, on peut aussi lire l'article Violence éducative ordinaire et violences sexuelles, quels liens ? ; l'article de Tom Johnson (présenté par Marc-André Cotton) Les dangers sexuels de la fessée ; et un témoignage masculin : Une pratique soigneusement ritualisée.


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Le blocage français sur le vote à 16 ans n’est que la partie émergée de l’iceberg !

Par Rodolphe Dumouch, membre de l'OVEO

Alors que l’UNICEF vient d’appeler la France à se réformer et à accorder enfin le vote à 16 ans aux élections municipales, alors qu’une candidate de 16 ans a pu se présenter en 2025 au suffrage à Fribourg-en-Brisgau, il est temps de dresser un état des lieux sur cette question.

Fiche d'orientation pour le passage en seconde : l'avis et la signature de l'élève (en général 15 ans) ne sont pas sollicités.

Seulement, ce sujet ne peut absolument pas être traité indépendamment du reste du statut juridique et social des jeunes personnes en France. Fait très méconnu : le statut des « mineurs » français est l’un des plus restrictifs existant dans les pays développés ; il n’est, de surcroît, quasiment jamais interrogé, pas même par les organisations de jeunesse, et encore moins réformé. Les décennies passent et la France est véritablement bloquée au siècle dernier, et ce n’est pas une exagération si on se penche sérieusement sur le sujet.

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