Vous dites : « C’est épuisant de s'occuper des enfants.» Vous avez raison. Vous ajoutez : « Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. » Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser.

Janusz Korczak, Quand je redeviendrai petit (prologue), AFJK.

Le confinement : un risque pour les enfants ?

Des enfants regardent par la fenêtre. (Photo by Kelly Sikkema on Unsplash)La pandémie de Covid-19 et le confinement imposé viennent bouleverser nos rythmes habituels, nous sommes toutes et tous obligés de modifier profondément nos manières de vivre.

Le temps semble s’être arrêté, les activités humaines de commerce, d’industrie, de déplacements motorisés sont fortement réduites. Nous vivons ce paradoxe d’évoluer dans un environnement plus silencieux, moins pollué.

La nature n’est pas confinée, et semble au contraire bénéficier d’un peu de répit du fait du ralentissement des activités prédatrices de notre système économique.

Une autre conséquence du confinement, et qui nous intéresse au premier chef, est la déscolarisation provisoire de tous les enfants en âge d’aller à l’école.

Pour un certain nombre d’entre eux, leurs parents restant à la maison, ils se trouvent moins exposés au stress des horaires et des activités scolaires imposés. Cette vacance d’école permet de respecter davantage les rythmes et les besoins des enfants. Leur temps et leurs activités sont plus souvent choisis, et l’espace familial, loin de se transformer en une école bis, est investi sur le mode du plaisir et de la créativité. De nombreux témoignages vont dans ce sens et nous invitent à réfléchir sur le fonctionnement de nos écoles et leur inadéquation aux besoins des enfants.

Quasiment toute la presse insiste sur l’importance de faire faire des devoirs aux enfants. À l’OVEO, nous invitons les familles à se démarquer de cette injonction et à privilégier des moments d’échange et de plaisir librement choisis autour de jeux ou de lectures. Dans ce contexte très particulier, le temps passé en famille doit rester un temps de réassurance et l’espace familial demeurer un espace sécure pour les enfants.

Nous savons que certaines familles vont se trouver démunies et en difficulté pour accompagner leurs enfants dans la durée. Celles qui vont se trouver confinées dans de petits appartements sans espaces extérieurs, avec parfois une baisse de ressources financières déjà très faibles, auront à gérer stress et inquiétudes supplémentaires. Une aggravation des difficultés pour celles et ceux qui ont le moins de moyens d’y faire face.

Et pour de nombreux enfants, le confinement va se rapprocher du calvaire, dans la mesure où l’espace familial est un espace où ils subissent habituellement de la violence, qu’elle soit physique ou (et) psychologique. Pour ces enfants, l’école représente une respiration et parfois un lieu de résilience qui leur permet de tenir le coup !

Nous savons bien que la grande carence des moyens d’action de la Protection de l’enfance ne permettra pas de venir en aide à ces enfants. Ils seront une fois de plus « les oubliés ». 1

Le bouleversement que nous vivons doit servir à éveiller nos consciences, nous aider à sortir de cette cécité émotionnelle dénoncée par Alice Miller et qui nous fait abandonner de nombreux enfants à leur sort.

Un certain nombre de commentateurs nous disent que rien ne sera plus comme avant après la résorption de l’épidémie. Nous avons entendu qu’il allait falloir penser l’humain avant la finance, qu'« il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché 2 ».

À travers son combat pour un regard et un accompagnement respectueux des enfants, l’OVEO, avec toutes celles et ceux qui voudront s’y joindre, portera cette exigence d’un ordre social qui donne enfin la priorité à l’humain.


Voir aussi l'alerte lancée par le Dr Hélène Romano sur Youtube pour informer largement l’opinion publique sur la réalité du terrain, avec l’espoir que le gouvernement réagisse.


Du 22 mars au 29 avril, l’association l’Enfance libre a proposé tous les jours de la semaine une heure de LIVECHAT VIDÉO animé par Jean-Guillaume Bellier, Manuèle Lang, Ophélie Perrin et Anne Salette. Intitulés "Comment accompagner nos enfants sans programme ni école, sans punitions ni chantage, sans claque ni fessée ?", ces rendez-vous ont accueilli de nombreux invités (dont certains membres de l'OVEO, voir Nos actions) pour échanger et répondre aux questions des internautes. Parmi les invités : Thierry Pardo, Bernard Collot, Emmanuelle Philip, Charlotte Darteil, Marion Cuerq, Laurence Dudek, Christine Schuhl, Amalia Escriva, Olivier Maurel, Jean-Pierre Thielland, Daniel Delanoë…


Le réseau Parentalité créative propose un numéro d’appel gratuit et confidentiel : 0 974 763 963. Des consultants, formés pendant deux ans par Catherine Dumonteil-Kremer, sont à l’écoute des parents pendant 15 minutes pour leur permettre de « relâcher la pression ». Ce numéro fonctionne depuis deux ans. Les horaires ont été étendus pour la période de confinement.


Les éditions L’Instant présent mettent à disposition un document intitulé « Pour un confinement respectueux de tous » donnant aux adultes (parents ou autres personnes) en compagnie d’enfants des clés de compréhension de certains comportements et des pistes pour réagir au mieux.


  1. Anne Turz, Les Oubliés. Enfants maltraités en France et par la France.[]
  2. Discours d’Emmanuel Macron le 16 mars 2020.[]

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