Hondatoto
OVEO - Part 2
Il est urgent de promouvoir la culture du respect de l’enfant comme “ultime révolution possible” et comme élément fondamental de transformation sociale, culturelle, politique et humaine de la collectivité.

Maria Rita Parsi, psychologue italienne.

Je ne guérirai pas de cette enfance…

Est-ce que je vais arriver à témoigner ?

J’ai 67 ans, ma mère en a 97. Mon père est décédé il y a quelques années. J’ai sept frères et sœurs, je suis la quatrième.

Je voudrais commencer par remercier ma mère d’avoir vécu si longtemps. Pas pour le bonheur qu’elle m’a apporté mais pour la réalité que sa longue vie m’a permis de mettre au jour. J’ai mis du temps à réaliser, beaucoup beaucoup de temps. Ce sont mes enfants qui m’y ont aidée. Mon fils aîné, diagnostiqué adulte d’un TDAH sévère, de multi-dys, et d’un stress post-traumatique, ma fille presque “parfaite” mais poursuivie par la charge qui a pesé sur elle de devoir réparer une famille pleine de trous. Et puis il y a eu un événement déclencheur, la révélation de mon plus jeune frère abusant sexuellement de sa belle-fille de 12 ans. Autant dire que ma relation à la famille, déjà passablement difficile, est devenue catastrophique.

Ma mère vit encore, et c’est pourquoi témoigner est si difficile.

Puis-je me permettre de poser sur elle le diagnostic de TSA (trouble du spectre autistique) ? J’hésite car je n’ai partagé cette hypothèse avec personne d’autre que mes enfants. J’hésite car j’aurais tellement, tellement, tellement voulu être une bonne fille, aimante et indulgente. Les quelques personnes de mon entourage qui m’ont fait part de leur amour pour l’un ou l’autre de leurs parents, voire les deux, ont toujours éveillé en moi un vertige : c’était donc possible d’aimer sa maman ?! Mais quelle chance !! Quelle chance, pour ces personnes, de vivre avec cette certitude, cette confiance, cette chaleur en elles ! Et j’avais beau m’efforcer, chercher, scruter mon enfance, j’avais beau tester des pensées, gestes ou paroles aimantes, je me sentais infiniment vide de cet amour, comme en deuil d’une totale inconnue.

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« Veux-tu une fessée déculottée devant tout le monde ? »

Nous remercions tout spécialement l'autrice de ce témoignage très détaillé, écrit après lecture du livre d'Olivier Maurel La Fessée avec l'aide du questionnaire du site. En raison de la longueur du témoignage, son annexe est publiée sur une page séparée.


Avez-vous subi vous-même la violence éducative ordinaire  au cours de votre enfance ? Sous quelle forme ?

Je n’en étais pas forcément consciente, et puis au fil des années avec notamment l’interdiction de donner la fessée, je me suis intéressée à la question, et je me suis aperçue que j’avais certains comportements, voire des traumatismes liés à mon éducation.

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Une fessée qui dure toute la vie…

Ce texte a été rédigé comme une annexe au témoignage intitulé "Veux-tu une fessée déculottée devant tout le monde ?". Son contenu étant susceptible de perturber le lecteur ou la lectrice, nous recommandons de lire d'abord le témoignage en lien. Sur ce sujet, on peut aussi lire l'article Violence éducative ordinaire et violences sexuelles, quels liens ? ; l'article de Tom Johnson (présenté par Marc-André Cotton) Les dangers sexuels de la fessée ; et un témoignage masculin : Une pratique soigneusement ritualisée.


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Le blocage français sur le vote à 16 ans n’est que la partie émergée de l’iceberg !

Par Rodolphe Dumouch, membre de l'OVEO

Alors que l’UNICEF vient d’appeler la France à se réformer et à accorder enfin le vote à 16 ans aux élections municipales, alors qu’une candidate de 16 ans a pu se présenter en 2025 au suffrage à Fribourg-en-Brisgau, il est temps de dresser un état des lieux sur cette question.

Fiche d'orientation pour le passage en seconde : l'avis et la signature de l'élève (en général 15 ans) ne sont pas sollicités.

Seulement, ce sujet ne peut absolument pas être traité indépendamment du reste du statut juridique et social des jeunes personnes en France. Fait très méconnu : le statut des « mineurs » français est l’un des plus restrictifs existant dans les pays développés ; il n’est, de surcroît, quasiment jamais interrogé, pas même par les organisations de jeunesse, et encore moins réformé. Les décennies passent et la France est véritablement bloquée au siècle dernier, et ce n’est pas une exagération si on se penche sérieusement sur le sujet.

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Enfance, luttes et avenir : place au FIESTA !

Depuis plusieurs mois, la question de l’enfance émerge au cœur de l’actualité.

Parents, professionnel·les de l’enfance, militant·es, chercheur·euses… et bien sûr, les jeunes personnes elles-mêmes : de plus en plus de personnes s’engagent, individuellement et localement, pour défendre les droits et le bien-être des jeunes, et dénoncer les injustices dont ils et elles sont victimes. Mais aujourd’hui, ce combat essentiel reste trop souvent dispersé. Chacun·e agit de son côté, sur des thématiques spécifiques — violence éducative, harcèlement, inceste… — sans toujours pouvoir créer des ponts.

Face à l’ampleur du défi, il est temps de se rencontrer, de faire réseau, et de construire une vision commune.

C’est pour cette raison qu'avec le Collectif Enfantiste nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour le FIESTA — Festival enfantiste et antiadultiste : un événement joyeux, militant et nécessaire, pour partager nos savoirs, croiser nos expériences, et penser ensemble un avenir plus respectueux des jeunes.

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À propos du livre de Jean-Pierre Chartier « Les Transgressions adolescentes »

Par Rodolphe Dumouch, membre de l'OVEO

Ce livre1 est en fait un recueil disparate d'articles de l'auteur, de chapitres d'autres de ses livres, de passages de sa thèse et de textes déclarés « inédits ».

Alors qu’on annonce un ouvrage sur « les transgression adolescentes », il y sera souvent question d'adultes plus ou moins renvoyés à leur enfance et/ou adolescence, mais aussi de gestion et de « management » des établissements spécialisés (p. 28 à 40).

Tout cela ne serait pas trop gênant si l'ouvrage n'était pas parsemé d'idéologie adultiste, misopède et autoritaire ni de fatras psychanalytique du XXe siècle, totalement dépassé et relégué depuis longtemps à l'état de pseudoscience par la communauté scientifique et médicale. Page 2, l'auteur sent d’ailleurs passer le vent du boulet puisqu’il parle du « contexte actuel de scientisme et d'organicisme qui renoue avec la vieille tradition médicale préfreudienne ».

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Des « révélations », écrivent-ils…

Par Sophie Blum, membre de l’OVEO

Image générée pour l'article avec Mistral AI.

Jeudi 27 février, il est 7h30 quand j’entends sur France Inter qu’« après l’établissement de Bétharram, la cellule investigation de Radio France révèle des accusations de violences dans un autre établissement privé catholique, Notre-Dame-de-Garaison, dans les Hautes-Pyrénées ».

J’étais collégienne dans les années 1990. De la génération de plusieurs victimes témoignant en ce moment des violences subies dans ces établissements. Et j’accueille les commentaires consternés sur cette vague de « révélations » avec un certain scepticisme…

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De quoi nous parle l’affaire de l’institution scolaire privée de Bétharram ?

Par Jean-Pierre Thielland, membre de l’OVEO

Les jeunes scolarisé·es à Notre-Dame-de-Bétharram ont tous et toutes été maltraité·es. Il y a bien sûr ceux qui ont été humiliés, frappés, violés, agressés sexuellement… Mais la confrontation quotidienne à un climat de violence et de domination perverse d’adultes hors-la-loi constitue en soi une maltraitance, avec les conséquences psycho-traumatiques que l’on sait.

De jour en jour, de nouvelles déclarations, de nouveaux témoignages nous disent que des alertes ont été données et que les agresseurs ont bénéficié de complaisances, voire de soutiens lorsque des enquêtes ou des plaintes ont tenté de dénoncer ces violences. Ce déni permanent de la violence à l’encontre des enfants et des adolescents nous conduit à poser un certain nombre de questions1.

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Le livre « Émanciper l’enfance », disponible en ligne

À la suite des premières "Rencontres sur la violence éducative ordinaire et la domination adulte" (octobre 2023), l'OVEO et les éditions Le Hêtre Myriadis ont publié le recueil des textes des contributeur·ices qui y sont intervenu·es. 

Ce livre est le reflet de cette journée : des échanges de savoirs engagés, expérientiels et scientifiques. Il associe et réunit la voix de militant·es, de jeunes personnes et de chercheurs et chercheuses pour comprendre en profondeur les racines de la violence éducative ordinaire et de la domination adulte.

L'ouvrage imprimé (160 pages) est disponible au prix de 15 € auprès des éditions Le Hêtre Myriadis et de l'OVEO.

Afin de rendre son contenu accessible au plus grand nombre, nous avons également décidé de permettre sa lecture complète en ligne !

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Pourquoi l’idée même d’éducation est toxique

En octobre 2024, Le Nouvel Obs publie son numéro “Profs toxiques : enquête sur un tabou de l’Éducation nationale”. Nous saluons toute dénonciation des violences et violations de la dignité et des droits des jeunes personnes. Et, de notre point de vue, la critique du “tabou des profs toxiques” reste superficielle et aveugle à la dimension systémique de la violence scolaire et de la domination adulte.

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