C'est à l'échelle mondiale qu'il faut désormais inventer de nouveaux concepts mobilisateurs, pour parvenir à cet idéal : l'égalité en dignité et en droit de tous les êtres humains.

Françoise Héritier, anthropologue, ethnologue, féministe, femme politique, scientifique (1933 – 2017)

Pourquoi une loi d’interdiction des châtiments corporels et autres traitements humiliants est-elle souhaitable et nécessaire ?

Par Cris, membre de l'OVEO

Principe des abolitions et de la nécessité d'une loi

Dès qu'on critique une pratique, voire qu'on cherche son abolition, des voix indignées se lèvent pour accuser une telle volonté d’être liberticide. Quelquefois, ceux qui s'insurgent au nom de la liberté sont adeptes du "ça devrait être interdit, ça". Mais le plus souvent ce sont des personnes qui s'opposent réellement aux conceptions liberticides. Pour autant, leur raisonnement (généralement sincère, donc) est faux. Quand une pratique est injuste, il est légitime de vouloir la combattre, éventuellement par l'interdiction. Mais toute interdiction n'est pas liberticide. Il faut rappeler le principe : La liberté d'une personne doit uniquement avoir comme limite l'intérêt d'autrui. Tout est alors question de peser les libertés de chacun. Les arguments "vous voulez tout interdire", "c'est liberticide", deviennent fallacieux lorsqu'ils nient l'intérêt supérieur bafoué par la liberté mise en cause.

Le cas des châtiments corporels et traitements humiliants

Il est interdit de frapper ou d’humilier un adulte responsable. Pourquoi est-ce différent pour les enfants ? Est-ce justifiable ?

L'intérêt des enfants n'est pas pris en considération, ou du moins pas au même niveau que celui d'un adulte. Son intérêt à ne pas être malmené n'est pas mis en balance avec la liberté de l'adulte (en particulier parent) de le traiter à sa convenance.

Celui qui ose évoquer l'abolition des châtiments corporels et traitements humiliants est souvent accusé d'être liberticide. On oppose le droit de disposer sans violence de l'enfant (dont on a la charge) à celui de disposer avec violence de l'enfant. C'est comme opposer le droit de l'assassin à celui du non-assassin... en oubliant complètement de prendre en considération l'intérêt de la victime. La mesure à prendre est entre l'intérêt de malmener un enfant et celui de cet enfant à ne pas être malmené.

Le droit de chacun doit avoir comme seule limite celui d'autrui. C'est uniquement pour protéger un intérêt supérieur qu'une liberté doit être entravée. Et justement, il s'agit bien ici d'intérêts incompatibles entre eux, dont il faut donc déterminer celui qui doit primer sur l'autre : Le droit de malmener un enfant ou le droit des enfants à ne pas être malmenés. L'intérêt (la facilité, le goût...) de la violence justifie-t-il de la faire subir à des enfants, donc d'aller contre leur intérêt majeur d'être protégés comme le sont les adultes ?


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